Vernissage Exposition « Prélude à la terreur »

Il y a 90 ans, le 22 mars 1933, le régime nazi amenait les premiers prisonniers au camp de concentration nouvellement créé à Dachau, moins de deux mois après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes.
Dachau le 22 Mars 2023
" on observe la persistance ou le retour des autocraties, qui se gardent d’être assimilées à des dictatures. Elles prennent soin de faire taire leurs opposants, elles manipulent l’opinion, ne cessent de revisiter l’Histoire et de cultiver le choc des cultures"
Il y a 90 ans, le 22 mars 1933, le camp de concentration de Dachau était créé
Il y a 90 ans, le 22 mars 1933, le régime nazi amenait les premiers prisonniers au camp de concentration nouvellement créé à Dachau, moins de deux mois après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes.
À l’occasion de cet anniversaire, le Ministre-Président Dr. Markus Söder a inauguré l’exposition « Prélude à la terreur - Les premiers camps de concentration sous le national-socialisme » au mémorial des camps de concentration, en présence du Chef du département culturel de la ville de Munich Anton Biebl, du Directeur de la Fondation des mémoriaux bavarois Mr Karl Freller, du Président du CID Dominique Boueilh, et de la directrice du mémorial du camp de concentration de Dachau Dr. Gabriele Hammermann. Etaient présents également Charlotte Knobloch, présidente de l’IKG Munich et Haute-Bavière, Ernst Grube, survivant de Theresienstadt et président de la communauté du camp de Dachau, Florian Hartmann, Maire de Dachau et les représentants de diverses confessions.
L’exposition présente les aspects les plus importants de l’établissement des premiers camps de concentration et leurs fonctions dans le processus d’établissement du régime nazi. Les premiers camps de concentration étaient l’un des instruments les plus importants pour faire respecter la dictature. Les premiers camps de concentration sont comparés les uns aux autres en termes de localisation, de conditions juridiques, d’organisation, de garde, de groupes de prisonniers, de situation carcérale, d’usage de la force, de contacts avec le public, de traitement au cours de la systématisation du système concentrationnaire et de mémoire des premiers camps en Allemagne de l’Est et de l’Ouest afin de déterminer les similitudes et les différences. Le camp de concentration de Dachau se distingue de la masse des premiers camps dans la mesure où il a joué le rôle de modèle pour l’établissement, la conversion et l’expansion systématiques du système concentrationnaire dans le Reich allemand. En plus de mettre l’accent sur l’histoire du développement du camp de concentration de Dachau jusqu’à l’agrandissement en 1937/38, la reconstruction elle-même est montrée ainsi que les rapports sur le camp et ses contacts avec la société urbaine environnante de Dachau. Enfin, l’histoire de la mémoire du camp de concentration de Dachau depuis 1945 est abordée.
Immédiatement après la guerre, les associations de victimes, dont le Comité International de Dachau (CID), la Lagergemeinschaft Dachau et l’Association des persécutés du régime nazi/Fédération des antifascistes (VVN), ont appelé pour la préservation des lieux de mémoire importants, une demande qui s’est concrétisée à Dachau avec l’ouverture du site commémoratif au printemps 1965. Aujourd’hui, Il est visité chaque année par environ un million de personnes du monde entier, y compris de nombreuses classes d’écoles bavaroises.
Le président du CID a rappelé au travers de son discours la nécessité d’analyser et de comprendre les causes racines du régime nazi pour faire barrage, en Europe et partout dans le monde, au retour des tendances nationalistes et de tous les actes contraires à la dignité humaine. La nouvelle exposition proposée apparaît en soi comme « un outil indispensable à notre compréhension et à notre regard sur notre monde contemporain », et doit contribuer « au côté de son rôle de support historique, à éveiller les consciences de chacun et à guider ses choix de citoyen pour le monde demain ».
Allocution de Dominique Boueilh Président du Comité International de Dachau
C’est pour moi un immense honneur de m’adresser à vous tous, en qualité de nouveau président du Comité International de Dachau. Je tiens à vous remercier très chaleureusement pour l’excellent accueil que vous m’avez réservé lors de nos premiers échanges et rencontres durant ces mois derniers. Je remercie Laure Teigny d’avoir accepté d’être mon interprète et de palier ainsi à ma faible maîtrise de la langue allemande, et je vous remercie par avance pour votre compréhension.
Il ne pouvait y avoir meilleur symbole, pour ma première intervention auprès de vous, que l’exposition qui est livrée ce jour à notre découverte. L’établissement des premiers camps de concentration au cours de l’année 1933, leur rôle dans le processus d’établissement du régime nazi, et plus tard leur fonction tragique dans le plus grand crime qu’ai connu l’humanité, sont autant d’éléments qui nous ont conduit, dans l’après-guerre, à construire ces liens indéfectibles et impérieux qui unissent aujourd’hui les différents acteurs du Travail de la Mémoire que nous sommes, tous ici réunis. Travail de la Mémoire au service de la recherche historique, de l’analyse politique et sociale du national-socialisme, mais surtout, Travail de la Mémoire qui porte le souvenir de toutes les victimes des camps de concentration et d’extermination, et qui fait entendre la voix des survivants, de toutes nations, et leur serment pour un monde libre empreint de dignité humaine.
L’horreur des camps, la démesure des traitements inhumains que les déportés y subissaient, le nombre effroyable de victimes, font souvent que le public en général et les familles de survivants retiennent avant tout cette période 1940-1945 qui a vu le système concentrationnaire nazi livrer ses pires méfaits. Cela est compréhensible, car notre sensibilité et notre dignité humaine s’en trouvent touchées au plus profond d’elles-mêmes. Ce ressenti est renforcé par les nombreux témoignages de survivants à notre disposition, par le développement significatif des nombreux mémoriaux, et par le rite des commémorations.
L’exposition temporaire « Prélude à la Terreur » qui nous est proposée aujourd’hui, vient compléter de façon nécessaire notre vision intimiste par la compréhension de ce qui a précédé la pleine exploitation du système concentrationnaire nazi. Elle dévoile le processus graduel d’un régime qui sombre dans la terreur et dans la dictature, au centre d’une Europe qui rêvait de liberté, pour ensuite plonger le monde, sept ans après, dans la seconde guerre mondiale.
A l’engagement ‘Plus Jamais », vient se rajouter la question « Comment cela a été rendu possible ? »
Cette exposition se révèle aussi un outil indispensable à notre compréhension et à notre regard sur le monde contemporain. Le public attentif et objectif ne pourra pas échapper à faire le lien avec des indicateurs toujours omniprésents, en Europe et dans le monde : les actes racistes et antisémites au sein de nos sociétés, les tendances nationalistes, la défiance envers les démocraties, les actes de guerre avec leur lot de destructions et de victimes civiles. De façon plus préoccupante, on observe la persistance ou le retour des autocraties, qui se gardent d’être assimilées à des dictatures. Elles prennent soin de faire taire leurs opposants, elles manipulent l’opinion, ne cessent de revisiter l’Histoire et de cultiver le choc des cultures, repoussant ainsi l’espace qui pourrait très bien les faire vivre ensemble.
90 ans se sont écoulés. Notre monde est de nouveau traversé par de nombreuses tensions géopolitiques mais aussi nationales. La certitude ou l’espoir que l’humanité n’osera jamais revenir à l’extrémité des camps de concentration, le « Plus Jamais », ne doit pas nous aveugler pour autant et nous laisser insensible ou indulgent devant les manifestations de terreur, petites ou grandes, qui persistent encore de nos jours. Celles-ci peuvent nous conduire à des périls de toute autre nature et aussi désastreuses pour l’humanité.
Cette exposition, au côté de son rôle de support historique, doit contribuer à éveiller les consciences de chacun et à guider ses choix de citoyen pour le monde de demain. Nous devons féliciter le groupe de travail à l’origine de cette initiative. Le Comité International de Dachau, dans son rôle transnational, est persuadé que cette exposition peut dépasser son caractère temporaire pour trouver un écho mérité et nécessaire auprès des pays engagées autour des valeurs qui nous unissent aujourd’hui.
Je vous remercie pour votre attention
Premier ministre Dr. Markus Söder (au centre), (de gauche à droite) le président du CID Dominique Boueilh, le directeur de la Bavarian Memorial Foundation Mr Karl Freller, le directeur du mémorial du camp de concentration de Dachau Dr. Gabriele Hammermann, responsable du mémorial du camp de concentration de Dachau et Bernhard Seidenath photographies reproduites avec l'aimable autorisation de : Site commémoratif du camp de concentration de Dachau
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